Chantier mobilité à la Bergerie Nationale de Rambouillet

Du 22 au 26 février 2021, Les Pierres de Montreuil, avec l’association Murs à Pêche, organise un chantier mobilité à la Bergerie Nationale de Rambouillet.

Huit salariés en insertion soutenus par l’association Ai-LADOMIFA et cinq stagiaires, jeunes majeurs isolés accompagnés par Emmaüs Alternatives, prennent le train de 7h23 à la gare Montparnasse lundi 22 février pour une semaine au sein de la Bergerie. Bruno, Paul, Nima, Sofiane, Malin, Amara, Mouctar, Aiker, Ousmane, Mahamadou, Ibrahima, Azhari et Amine commencent par une visite des lieux avec Aloïs qui nous accueille à la Bergerie pour la semaine.

La Bergerie a été construite sous Louis XVI, passionné d’agriculture, entre 1783 et 1786 pour contribuer à l’amélioration des races françaises d’élevage par l’acclimatation de races étrangères. C’est principalement les bêtes à laine Mérinos venues d’Espagne qui font la fierté de la Bergerie Nationale. Venu à pied d’Espagne, un cheptel de plusieurs centaines de bêtes a été introduit en France en 1786 pour assurer la production en laine et garantir l’autonomie de la France, qui achetait jusqu’alors de la laine pour l’habillement à l’Espagne. La laine des Mérinos est en effet, l’une des plus fine qui existe avec des fibres de laine de 17-18 microns (un micromètre, synonyme de micron, mesure un millième de millimètre). L'acquisition du premier troupeau par Louis XVI fit l'objet d'une clause secrète dans un traité avec l'Espagne. Les fermes, sur la route de cette grande transhumance dissimulée, avaient ordre de nourrir bêtes et bergers jusqu’à leur arrivée à Rambouillet. Ce troupeau est élevé en consanguinité contrôlée depuis son arrivée. Le développement du Mérinos en France a ensuite été soutenu par Napoléon 1er, qui a créé la Bergerie Impériale face à la Ferme Royale.

Également réserve de chasse royale puis présidentielle (si si!), 13 kms de murs de pierres encerclent les 1 100 hectares du site pour protéger le gibier qui y vit. Il a fallu assainir les marécages des forêts humides des Yvelines dont l’étymologie serait Sylva aequilina, « forêt gorgée d'eau » (yvel en ancien français issu du latin aequalis) par le creusement de fossés de dégorgement.

Les deux principaux enjeux des fermes sont assainir les écoulements de fumier par l’évacuation et des pentes et la maîtrise des risques d’incendies. Les bâtiments de la bergerie ont été construits avec le moins de bois possible : toits en tuiles au lieu de la chaume couramment utilisés dans les bâtiments agricoles de cette époque, charpentes de pierres, bâtiments espacés les uns des autres pour limiter les risques de propagation. Depuis, il y a eu des ajouts de bâtiments. Les bâtiments appartiennent aujourd’hui au Ministère de l’Agriculture.

Le Colombier surmonté d’un campanile en plomb a accueilli dans sa salle basse les archives de Louis XVI jusqu’en 2016, date de leur classement aux archives. Cette salle basse permettait d’isoler de l’humidité, de protéger des prédateurs, et donnait du prestige au bâtiment dédié à l’élevage de pigeons pour produire de la colombine, fiente très riche en azote utilisée en épandage dans les champs. Le colombier se distingue du pigeonnier souvent situé dans une grange car c’est une construction indépendante que seule l’aristocratie peut s’offrir. Un colombier est un signe de noblesse. 2 200 boulins, niches, maillent l’intérieur du colombier et pouvaient accueillir 1 100 couples fidèles. Nous apprenons qu’une pigeonne pond déjà la couvée suivante quand les premiers sont encore là. Amine nous dit que « c’est pour les allocs ». Un pigeon ne fait pas ses besoins dans son nid, donc la fiente était récupérée au sol. Même si les pigeons mangent 20% des production des champs, l’apport azote qu’ils assuraient était plus intéressant. La fiente était une richesse très valorisée. A l’intérieur, une échelle pivotante permettait d’aller nettoyer en hauteur.

L’École de berger existe depuis 1794, c’est la plus vieille école de berger en France. Le CFA a lui ouvert ses portes en 1974.

Nous parcourons le site et découvrons le mur éboulé sur 15 mètres que le groupe doit remonter. Il s’agit d’abord de nettoyer et retrouver les fondations du mur puis placer les cordeaux. Après le dîner préparé et pris en commun, et malgré le lever à l’aube, le gâteau au chocolat, arme de chantage diabolique, donne de la force aux troupes pour une rapide présentation théorique qui doit permettre de commencer le lendemain matin avec quelques notions de typologie de pierres et d’assemblage : parpaing, boutisse, carreau et attention au coup de sabre !

Le deuxième jour, le mur monte de presque un mètre. Le soir une petite formation autour de l’histoire du plâtre a lieu.

Le troisième jour, on place l’échafaudage. Comme quoi l’union fait la force. Le soir on aborde la question de la sécurité sur les chantiers.

Le quatrième jour, le mur a encore pris un mètre. C’est environ un mètre au carré que chacun réalise chaque jour. Pour récompenser l’équipe nous terminons avec une visite de la Bergerie en calèche.

Cinquième et dernier jour, le mur est achevé !

Bravo à tous !

 

Cette action a été réalisée avec le soutien d'Est Ensemble Grand Paris, de l'ANCT, de la Fondation Placoplatre et de la Bergerie Nationale